l'univers de la 3D

avant-propos
foreword
la photographie stéréoscopique
principes et techniques
l'holographie
les stéréogrammes
comment voir les stéréogrammes

daguerréotype 1850

avant-propos

vous voulez entrer dans le monde magique de la 3d, et goûter aux fortes sensations du monde virtuel ? pour mieux apprécier cette joie, fermez les yeux un instant, et faites appel à votre imagination.

imaginez que vous touchez de vos mains le visage d'un proche ou celui de votre enfant. vos mains glissent le long du visage en épousant ses contours; quand elles s'unissent dans un seul mouvement c'est pour en extraire l'empreinte; une image se révèle à vous peu à peu, une image mentale qui n'a pas besoin d'être vue.

cette perception tactile est rendue possible car tout l'organisme y participe avec ses récepteurs sensoriels.
toutefois, si cette perception s'effectue avec le toucher sans l'aide de la vision, les anciens, et il y a encore quelques siècles seulement, pensaient que les yeux possédaient un sens tactile. on croyait, en effet, qu'il émanait des yeux un fluide visuel qui palpait les objets pour ramener à la psyché les renseignements nécessaires à l'accomplissement de l'acte visuel.

notre faculté d'observation, notre outil d'approche, notre instrument d'investigation, notre interface de communication, c'est d'abord notre système visuel. comme acte quotidien réfléchi, le regard c'est l'ouverture, l'écoute et la main tendue à la fois. dans la pratique de la 3d le regard participe activement et prend, ainsi, sa juste dimension .

laissez-vous guider. 3d fusion vous emmènera à la découverte des sources cachées de la perception ; mais, prenez garde, vos sens seront en émoi et votre regard sera en phase avec l'esprit. s'adonner aux joies de la 3d fusion, c'est enfin l'éloge du regard.

foreword

you want to enter the magical world of 3d and savour the strong sensations of its virtual dimension. to enjoy this experience even more, close your eyes for a moment and let your imagination get to work.

try to picture the face of a loved one. in your mind, you reach out, tracing over the features with your hands, as if you were making a perfect mould. slowly, a picture begins to appear. but it is a mental image - one you have never needed to use your eyes to see.

tactile perception is possible because your whole body takes part, using its full range of sense receptors. but, while there can be touch without vision, there was a time - even up to just a few centuries ago - when it was thought that the eyes themselves possessed a sense of touch. it was believed that a visual fluid emanated from the eyes, feeling objects and sending information back to the mind to complete the act of vision.

more than any other sense, it is our visual system that provides us with a faculty of observation, a tool to guide us, an instrument for investigation, an interface for communication.
and every day we use our eyes to express how we feel, conveying, for example, openness, attentiveness and an outstretched hand, all at the same time.
in the practice of 3d, sight plays an especially active role and gives us a chance to use its full potential.

so, relax and let yourself be led. 3d fusion will guide you to the hidden sources of perception. but beware! your senses may start to tingle as your eyesight gets in phase with your mind. but what are the joys of 3d fusion, if not a eulogy to sight?

la photographie stéréoscopique

en 1838 le physicien charles wheatstone (1802-1875), célèbre pour son pont électrique, mit au point la version définitive du premier stéréoscope à miroir.
un autre physicien britannique, david brewster (1781-1868) le perfectionna et rapidement, grâce à la photographie, la stéréoscopie connut un grand succès, notamment à l'exposition universelle de londres en 1855. sir david brewster découvrit un autre phénomène lié à la stéréoscopie et qui fait fureur aujourd'hui, l'effet de papier peint dont on parlera avec les stéréogrammes.
ainsi, presque tous les cinquante ans, en 1900 et 1950, la photographie stéréoscopique connut une grande vogue.
a côté de la photo de portrait et de paysage, il s'est développé plus particulièrement en france entre 1850 et 1860 la photographie de nu et la photographie érotique en relief. louis ducos du hauron (1837-1920), qui fut à l'origine de la synthèse trichrome en photographie couleur, mit au point le système anaglyphe, basé sur l'utilisation de filtres rouge et bleu-vert, qui, portés en lunettes permettent de visualiser séparément les images pour les deux yeux...
ce système est remplacé dans les projections par les filtres polarisants découverts par edwin herbert land, le fondateur de polaroïd.

principes et techniques

le principe de la photographie stéréoscopique est tout ce qu'il y a de plus simple. il suffit de faire deux prises de vues du même sujet avec deux appareils simultanément ou avec un seul appareil que l'on déplacera. dans ce dernier cas, il faut préciser que le sujet photographié ne doit pas bouger entre les prises de vues. la distance séparant les appareils serait équivalente à la distance entre les deux yeux. tout se passe en effet comme si l'on regardait le sujet à travers chacun des deux appareils. cependant, on remarquera que plus on se rapproche du sujet et plus cette distance doit être diminuée. contrairement, plus on s'éloigne et plus cette distance doit augmenter, et cela, dans le but d'une meilleure restitution du relief. une augmentation exagérée de la distance séparant les deux appareils, appelée base stéréoscopique, donnera des effets très saisissants dans la perception du relief, c'est une hyperstéréoscopie.

l'holographie



photo stéréo d'un autoportrait holographique
de l'ingénieur français jean-louis tribillion

tous les systèmes qui restituent au regard une sensation de relief sont basés sur le principe de la vision binoculaire.
ainsi, la photographie, le cinéma, les réseaux lenticulaires, l'effet de papier peint et les stéréogrammes à points aléatoires, nécessitent une paire d'images en 2d séparées ou combinées afin de produire des images en 3d.
ces images virtuelles sont le résultat de la fusion dans le cerveau des images destinées à l'oeil droit et à l'oeil gauche.
il en est tout autrement en ce qui concerne l'holographie.
l'image holographique est une copie en énergie lumineuse de l'objet. c'est une véritable image en 3d dont l'énergie est quantifiable.
il n'y a donc pas d'images gauche et droite comme pour les autres systèmes. l'image holographique peut être explorée par un seul oeil tournant autour d'elle, comme face à l'objet lui-même.
l'holographie, dont le principe a été découvert en 1948 par dennis gabor, connut un grand développement dans les années 1960 et 1970 après la mise au point des lasers. beaucoup d'artistes se sont essayés à l'art holographique, salvador dali fut de loin l'artiste le plus attiré par la 3d. il avait fait réaliser plusieurs hologrammes aux usa à la fin des années 60. une de ses oeuvres les plus marquantes s'appelle «holos holos velasquez gabor». c'est un hologramme réalisé par le français jean-louis tribillion à la demande du maître. salvador dali a peint également plusieurs tableaux stéréoscopiques.
cependant, depuis le milieu des années 80, on assiste à un détournement de la technique holographique par l'industrie sécuritaire, pour la protection des cartes bancaires et autres laissez-passer. ainsi, plus de 90% de la production holographique actuelle est faite en hologrammes embossés, imprimés à partir d'une matrice. ce sont les fameuses petites images en relief qui ornent les cartes de crédit. les grands producteurs d'hologrammes aujourd'hui sont en fait des imprimeurs.


photo stéréo d'un hologramme au musée français de l'hologaphie
courtesey mme kristakis

les stéréogrammes

en 1960 au laboratoire bell aux usa, bela julesz réalisa sur ordinateur le premier couple de stéréogrammes à points aléatoires observables directement à l'oeil nu, au stéréoscope ou combinés en anaglyphes.
plus tard, en 1979, christopher tyler qui avait travaillé avec julesz mit au point à l'aide d'un ordinateur apple ii l'autostéréogramme à points aléatoires, ou stéréogramme cyclope, composé d'une seule image visible directement à l'oeil nu.
en 1970, bien avant tyler, un artiste japonais, masayuki ito, avait réalisé un autostéréogramme visible à 45° et à 90°.
dans l'ex urss, boris kompaneysky avait déjà anticipé sur les travaux de julesz en réalisant un stéréogramme camouflé en 1939.
outre l'aspect scientifique indéniable, on assiste depuis peu à un retour en force de la 3d, non plus comme un simple amusement, mais comme un vaste champ de création et d'investigation pour l'art et la communication.
l'effet de papier peint est tout simplement la répétition de motifs semblables que l'on trouve sur les papiers peints en général. ce phénomène a été décrit par brewster au siècle dernier. c'est un trompe l'oeil pour le cerveau. en vision parallèle ou croisée on obtient très facilement la fusion des images des motifs répétitifs. suivant le cas, au moment de la fusion vous aurez la sensation que le mur s'éloigne (vision parallèle) ou se rapproche (vision croisée). c'est là, d'ailleurs, une indication sur la peur qu'éprouvent les enfants, notamment quand ils sont malades et pensent voir bouger les murs. en vérité, en laissant vaguer son regard sur le papier peint, surtout aidé par un relâchement du muscle oculaire, l'enfant réalise inconsciemment la fusion stéréoscopique, mais ignorant le phénomène, il croit à un effondrement de la maison.

s'il est vrai que la possibilité de voir les stéréogrammes n'est qu'une question de gymnastique oculaire, il n'en reste pas moins que les apprécier - «rentrer dans l'image» comme on dit - reste une question d'état d'esprit. il faut être un peu volontaire, chercher des chemins d'exploration inconnus jusque-là, avoir le goût de la nouveauté et rechercher du plaisir pour l'esprit.



Extraits du livre 3DFusion